Des affrontements ont éclaté mercredi entre des étudiants et la police dans le centre de Caracas dont l’accès avait été interdit par le gouvernement, un mois après le début de la contestation dans la capitale du Venezuela. Dans le nord du pays, trois contestataires ont été tués. Le bilan de la contestation depuis le 4 février atteint désormais 24 morts. Le gouverneur de l’Etat de Carabobo, proche du pouvoir, a évoqué «des francs-tireurs (ayant) ouvert le feu sur leurs propres troupes qui érigeaient une barricade» à Valencia. Un étudiant de 20 ans et un homme de 42 ans ont péri, selon le maire. Un policier de la garde nationale a été abattu plus tard. A Caracas, des affrontements ont eu lieu quand un cortège d’environ 3000 étudiants a tenté de rallier le centre-ville, où se déroulait une manifestation de partisans du pouvoir. Ils ont été empêchés d’avancer par des barrages de la police anti-émeute.
Cocktails Molotov et gaz lacrymogènes
Quelques dizaines de protestataires ont alors lancé pierres et cocktails Molotov sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogènes et des canons à eaux. La grogne a débuté après la tentative de viol d’une étudiante sur le campus de San Cristobal. Visant d’abord l’insécurité, les revendications se sont ensuite étendues à l’inflation (56% en 2013), aux pénuries de biens de consommation courante et aux dénonciations d’abus policiers.
Marches de l’opposition interdites
Plus d’une dizaine de membres des forces de l’ordre sont actuellement sous les verrous, accusés pour certains de la mort de manifestants. Le président a annoncé mardi qu’il interdirait dorénavant toutes les marches de l’opposition dans le centre de la capitale, tant que les militants radicaux continueraient à monter des barricades dans l’est de Caracas et tant que l’opposition «refusera de dialoguer».
Menace des Etats-Unis
Illustrant la préoccupation de la communauté internationale, les ministres des Affaires étrangères des 12 pays de l’Union sud-américaine (UNASUR), réunis mercredi à Santiago du Chili, ont décidé de créer une commission visant à encourager le dialogue au Venezuela. Dans le même temps, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a assuré devant le Congrès que les Etats-Unis étaient «prêts, si nécessaire, à invoquer la charte démocratique interaméricaine de l’Organisation des Etats américains et activer sérieusement (…) des sanctions». Il a toutefois dit espérer que «la pression sociale, de la région et des voisins, puissent avoir un meilleur impact». Première cible de la grogne, le président Maduro, élu de justesse en avril dernier, n’a de cesse de dénoncer une «tentative de coup d’Etat» fomentée avec l’aide des Etats-Unis.
Les images des heurts sur une vidéo de l’Agence France Presse: