«Priez pour moi»: François, premier pape argentin de l’histoire, a demandé jeudi à douze millions de suiveurs sur Twitter et, indirectement, à tous les croyants, de l’accompagner par la prière. Il fête le 1er anniversaire de son élection.Le premier tweet du pape Bergoglio, le 17 mars 2013, avait déjà été l’occasion de demander aux fidèles de prier pour lui, et il le répète à tous ses interlocuteurs. En retraite spirituelle, le pape fêtait sobrement ce premier anniversaire: à la campagne hors du Vatican, loin des crispations que suscitent ses réformes dans le petit Etat. Des photos diffusées par le Vatican le montrent assis sur un banc dans une modeste chapelle, vêtu de blanc, au milieu des cardinaux et évêques de la Curie en tenue noire sobre. Des «papa-boys», quelques hommes et femmes, qui font la promotion des papes depuis Jean Paul II, se relayaient en continu pour réciter le rosaire dans une chapelle médiévale au centre international «San Lorenzo», à cent mètres du Vatican.
«Superman»
Avec 82 membres de la Curie, le pape avait pris la route en autocar dimanche pour rejoindre une résidence religieuse des Castelli Romani, au sud-est de Rome. Ils y suivent les exercices spirituels de Carême, une retraite à laquelle se soumet chaque année la Curie avant Pâques, mais qui a lieu pour la première fois hors du Vatican. Cette discrétion l’arrange peut-être. François a récemment jugé «offensant» d’être qualifié de «superman» par les médias.Jorge Mario Bergoglio, 77 ans, qui mène une vie dépouillée dans un trois-pièces de la résidence Sainte-Marthe au Vatican, et a renoncé à la croix en or et à la mosette (petite cape) rouge de son prédécesseur, jouit d’une popularité inédite.
Plus suivi qu’Obama sur Twitter
Plus de 12 millions de «followers» le suivent sur Twitter en neuf langues, et si l’on compte les retweets, il est plus lu que le président américain Barack Obama. Selon l’institut de sondage Eurispes, il est plébiscité par 87% des Italiens. Selon un sondage en ligne effectué auprès de 2171 personnes sur les sites des journaux catholiques Credere et Famiglia Cristiana, il est associé par 34,4% des sondés à la figure du curé bon enfant Don Camillo (ami du maire communiste Peppone dans les films de Julien Duvivier) et par 20,2% à Robin des bois, le bandit qui prend aux riches pour donner aux pauvres. La popularité de François et son image trompeuse de progressiste contrastent avec diverses crispations au Vatican. Les réformes qu’il a lancées, avec les réductions de postes qu’elles risquent d’entraîner, suscitent des inquiétudes. L’encouragement à des débats ouverts sur l’accès à la communion des divorcés remariés provoque aussi des réticences chez nombre de cardinaux. Andrea Tornielli, vaticaniste à «La Stampa», a reconnu à l’AFP qu’il y avait «des résistances» contre sa manière de gouverner. «Je ne crois pas à des groupes constitués» contre lui, ajoute ce journaliste qui coordonne le site réputé «Vatican Insider». Dans les milieux catholiques progressistes comme le mouvement de base «Nous sommes l’Eglise», François est vu positivement mais une déception est perceptible face à l’absence de tournants forts. Les associations d’anciennes victimes de prêtres pédophiles, comme l’américaine SNAP, ont récemment regretté que François «n’ait rien fait» sur ce dossier, déplorant ce qu’elles considèrent comme un manque d’intérêt et une volonté de protéger l’institution. Le vaticaniste et ancien correspondant à Rome du quotidien «La Croix», Frédéric Mounier, auteur du livre tout juste paru «Le Printemps du Vatican», estime que François n’est pas «plus progressiste que son prédécesseur» sur les questions de moeurs.