Frontière: Les deux Corées échangent des tirs d’artillerie

La Corée du Sud a indiqué lundi avoir répliqué à des salves d’artillerie tirées par la Corée du Nord. Des habitants ont dû se mettre aux abris.«Des obus tirés par la Corée du Nord sont tombés de notre côté (de la frontière) et nous avons répliqué en ouvrant le feu», a déclaré un porte-parole de l’Etat-major des armées sud-coréennes. Les tirs de part et d’autre ne semblaient pas immédiatement avoir été dirigés contre des cibles précises. «Pour le moment, les deux parties tirent dans la mer», a ajouté le porte-parole. Les habitants des îles sud-coréennes de Baengnyeong et Yeonpyeong ont reçu la consigne de gagner les abris, a précisé un responsable local. «Nous exhortons tous les habitants à se réfugier dans les abris sans délai, certains l’ont déjà fait», a-t-il précisé.

La Corée du Nord avait prévenu en début de matinée qu’elle mènerait des exercices à tirs réels en mer Jaune, près de la frontière maritime. Des manœuvres qui ne sont pas rares, mais il est peu fréquent qu’elle en prévienne son voisin et ennemi.

Pyongyang avait demandé à Séoul de «maîtriser» ses navires avant les manœuvres. Séoul avait aussitôt répliqué en prévenant que tout débordement de son côté serait suivi de représailles.

Echauffourées meurtrières
La frontière maritime entre les deux pays a été à plusieurs reprises par le passé le théâtre d’échauffourées meurtrières. La dernière date de novembre 2010. Le Nord avait bombardé une île sud-coréenne près de cette frontière, causant la mort de quatre personnes et amenant la péninsule au bord du conflit.

Baptisée «Ligne de limite du Nord», la frontière a été tracée par les forces des Nations Unies et des Etats-Unis en 1953, à la fin de la guerre de Corée. Pyongyang la conteste et refuse de la reconnaître.

Nouvel essai nucléaire?
Pour le porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense, Wi Yong-Seop, Pyongyang «a envoyé le message pour souligner que leurs intentions étaient hostiles». «Leur but est de nous menacer, d’attiser les tensions sur la frontière en mer Jaune et sur la péninsule en général», a-t-il estimé.

Le Nord a désigné sept zones maritimes et prévenu le Sud qu’il devait tenir à distance ses navires. «Nous avons indiqué au Nord que nous répondrions avec vigueur par des tirs si des tirs atterrissaient de l’autre côté de la frontière», a indiqué le porte-parole de l’Etat-major des armées.

La veille, Pyongyang avait prévenu qu’il «n’excluait pas» un quatrième essai nucléaire, «sous une nouvelle forme», une allusion vraisemblablement à la mise au point d’une charge nucléaire suffisamment petite pour être fixée sur une ogive.

Les experts estiment toutefois que le Nord ne maîtrise pas encore la technique nécessaire pour fabriquer une bombe atomique miniaturisée et pouvant donc être fixée sur un missile.

Multiplication des tirs
La Corée du Nord a procédé à trois essais nucléaires: en octobre 2006, mai 2009 et février 2013. Ces dernières semaines, Pyongyang a effectué plusieurs tirs de missiles de courte et moyenne portée, pour manifester sa colère face aux exercices militaires conjoints américano-sud-coréens qui ont démarré en février et s’achèvent en avril. Ces exercices conjoints, annuels, provoquent à chaque fois de vives protestations au Nord, qui les assimile à un entraînement à envahir le nord de la péninsule. Mercredi, le Nord a testé deux missiles de moyenne portée, capables en théorie d’atteindre le Japon, un geste qui lui a valu la condamnation du Conseil de sécurité de l’ONU. Ce tir de missiles de moyenne portée, le premier depuis 2009, coïncidait avec la rencontre des dirigeants japonais, sud-coréens et américain à La Haye, qui présentaient ainsi un front uni face aux menaces nucléaires nord-coréennes, après des mois de différends entre Tokyo et Séoul.

 

(afp/Newsnet)