
Les enfants de la région, à l’instar de leurs camarades des autres localités du pays, ont célébré la journée qui leur est dédiée. Avec comme thème pour cette année, l’élimination des mariages précoces, les enfants, dans le mémorandum qu’ils ont remis au préfet, n’ont pas manqué de déplorer l’ampleur du phénomène dans la région de manière générale.
La journée de l’enfant africain a été célébrée à Tambacounda, comme partout ailleurs dans le pays. A travers une forte mobilisation, les mômes ont parcouru plusieurs artères de la ville, pour se faire entendre et faire passer leur message. Celui-ci, en parfaite harmonie avec le thème cette présente édition, porte sur l’élimination des mariages précoces. « 25 ans après l’adoption de la charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant : accélérons nos efforts pour éliminer les mariages d’enfants en Afrique », voilà le thème choisi pour cette édition. « Nous, enfants du département de Tambacounda, célébrons, en collaboration avec les autorités locales et les services techniques et ONG regroupés autour du comité départemental de la protection de l’enfant CDPE, la journée dédiée à l’enfant africain pour discuter des maux qui gangrène la couche très vulnérable que nous constituons », a d’entrée servi leur porte parole, l’élève Kamsa Diakhaté. « Nous saisissons aussi l’occasion pour dire non aux mariages des enfants en Afrique, au Sénégal et dans notre département plus particulièrement ». Les enfants ont aussi dit être conscients de l’ampleur du phénomène dans la région. Cependant, précisent-ils, l’article 111 du code de la famille dispose que « le mariage ne peut être contracté qu’entre un homme âgé de 18 ans et une femme âgée de plus de 16 ans, sauf dispense d’âge accordée pour motif grave par le président du tribunal régional, après enquête ». Toutefois, se désolent-ils, « d’après le rapport de l’Unfpa daté de 2014, la région de Tambacounda est à la deuxième place de cette pratique, avec un taux très élevé de 57% derrière Kolda qui est à 68% ». Et c’est pourquoi, pensent les mômes, « il est encore urgent de redoubler d’efforts car, le problème reste toujours d’actualité dans le département voire la région. Certaines communautés continuent toujours de marier des enfants, occasionnant leur désarroi et leurs souffrances », vocifère Kamsa. C’est pourquoi, s’adressant au préfet, elle a asséné que ces mariages des enfants sont des violations « épouvantables » des droits de l’homme qui privent ces enfants de leur éducation, de leur santé et de gâchent leur avenir. « Se taire ou ne pas agir, serait un crime », rugit l’élève Kamsa Diakhaté de l’école Tamaro Touré du village d’enfants Sos. Elle poursuit, toujours s’adressant au préfet, « c’est pourquoi, nous venons auprès de vous, représentant de l’exécutif dans notre département pour dire non aux mariages des enfants, non à l’impunité et oui à un avenir meilleur, pour tous les enfants du monde et particulièrement à ceux là qui sont victimes de ces pratiques malsaines. Nous sommes surs que vous portez ce combat et que vous serez notre porte parole auprès des autorités et de la société civile, pour l’éradication définitive de ce fléau », ont-ils chargé le préfet. « Ce fléau gangrène notre santé, notre enfance et notre avenir », relate triste Kamsa.
Mor Talla Tine, le préfet de Tambacounda répondant aux enfants a tout de suite reconnu que la mobilisation montre toute l’envie qu’ont les mômes de se faire entendre. Le mariage précoce est un fléau qui touche l’Afrique et le Sénégal et cela entraine de lourdes conséquences surtout sur la santé des jeunes. Et pour rassurer les enfants, il promet de transmettre leurs doléances mais aussi d’être leur avocat dans ce combat. « Vous aurez mon soutien et celui de tous les acteurs du CDPE afin que ce phénomène soit un vieux souvenir », promet le chef du département.
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Abdoulaye FALL / www.tambacounda.info /